LA SANTÉ MENTALE, C’EST QUOI EXACTEMENT ?
La santé mentale est associée à un état de bien-être mental nous permettant d’affronter toutes sources de stress afin de pouvoir nous réaliser pleinement en contribuant à la vie de la communauté. Ce bien-être mental est la voie sine qua non de nos capacités intellectuelles et collectives, indispensables à la prise de décisions, aux relations personnelles et professionnelles, ou encore à la construction du monde dans lequel nous vivons. C’est également un aspect essentiel du développement personnel, communautaire et socio-économique.
LA SANTÉ MENTALE : DROIT INCONTESTABLE DE TOUT ÊTRE HUMAIN
Nous avons souvent tendance à réduire la santé mentale à une absence de trouble mental. Or, le sujet est beaucoup plus complexe qu’il n’en a l’air, puisqu’il varie d’une personne à l’autre. À même situation et contexte, les manifestations sociales et cliniques peuvent être différentes selon les personnes, comme peut l’être le degré de mal-être ressenti.
L’Europe distingue deux types de santé mentale : la santé mentale « positive », qui s’apparente à l’autonomie, au bien-être, à l’épanouissement personnel… et la santé mentale « négative », à savoir, d’une part, la détresse psychologique réactionnelle (détresse temporaire qui fait suite à un événement stressant) et, d’autre part, les troubles mentaux et les affections psychiatriques de durée variable et plus ou moins sévères (troubles anxieux, dépression, troubles bipolaires, schizophrénie, troubles de l’alimentation, post-traumatiques, etc.). N’oublions pas que souffrir d’un problème de santé mentale augmente le risque de suicide et entraîne, par ce fait, le risque de violation des droits de l’homme.
« Aujourd’hui, près d’un Français sur cinq (environ 12 millions) est atteint de trouble mental, et son espérance de vie est inférieure de 10 à 20 ans à celle de l’ensemble de la population.«
LES DÉTERMINANTS DE LA SANTÉ MENTALE
Tout au long de notre vie, un certain nombre d’éléments vont intervenir mettant à bien ou à mal notre santé mentale. Nous ne sommes pas égaux face aux situations. Et même si certains facteurs d’ordre psychologiques et/ou biologiques, l’usage de substances ou la génétique peuvent rendre plus vulnérables certains d’entre nous, le milieu environnemental, avec l’exposition aux menaces locales (pauvreté, violences, inégalités, attentat, chômage…) et mondiales (épidémie, crise climatique, récessions économiques…) joue à accentuer le problème de la santé mentale.
Il en revient donc à dire que la santé mentale n’est pas un état figé, mais plutôt une recherche d’harmonie psychique, propre à chacun, selon ses conditions et son parcours de vie, et indissociable de la santé physique, l’une influant sur l’autre. La santé mentale fluctue donc en permanence puisqu’elle repose sur plusieurs facteurs : le milieu de vie, le personnel et le relationnel, les facteurs biologiques et génétiques, les facteurs socio-économiques, et plus particulièrement le travail et les conditions de travail.
LES TROUBLES EN QUELQUES MAUX
En France, 22 % des longs arrêts maladie sont liés à des troubles psychiques. Ces derniers se regroupent en 6 grandes catégories :
- Troubles dépressifs (troubles de l’humeur, de l’appétit, difficulté à se concentrer, fatigue, idées suicidaires, burn-out…)
- Troubles anxieux (stress post-traumatique, phobie sociale, panique, pensées obsédantes…)
- Troubles psychotiques (schizophrénie, dépression avec symptômes psychotiques, troubles bipolaires, psychose…)
- Troubles liés à l’utilisation de stupéfiants (altération de la conscience, agressivité, dépression, automutilation…)
- Troubles d’addiction au jeu (tristesse, anxiété, stress, colère, désocialisation…)
- Troubles des conduites alimentaires (anorexie mentale, boulimie, hyperphagie boulimique…)
LA SANTÉ MENTALE AU TRAVAIL
Si le travail peut avoir des effets bénéfiques sur notre santé mentale en contribuant à une bonne estime de soi, en renforçant notre sentiment d’accomplissement ou en nous donnant une identité unique au sein d’une communauté, il peut également être à l’origine de problèmes de santé mentale, et/ou aggraver des troubles psychiques existants. Un cadre de travail sain est un droit fondamental. Dans le cas contraire, on parle de conditions de travail dégradées, indécentes, qui peuvent se caractériser par des inégalités, une charge de travail excessive, voire du harcèlement jusqu’à de l’insécurité…
À titre d’information, en 2019, on estimait que 15 % des adultes en âge de travailler souffraient d’un trouble mental. Plusieurs contextes influencent cette dégradation de la santé mentale au travail. Nous pouvons citer entre autres : la sous-utilisation des compétences, une charge de travail trop élevée, une mauvaise définition des tâches, des conditions de travail pénibles, une mauvaise entente avec ses collègues, un turn-over permanent, des inégalités (sexe, orientation sexuelle, handicap, origine sociale, religion…), etc.
Les femmes et les jeunes représentent les catégories les plus touchées par le mal-être au travail. Selon la 11e vague du baromètre de la santé psychologique des salariés français, en 2022, 49 % des femmes et 55 % des jeunes de moins de 30 ans souffraient de troubles. Cette étude montre également que la détresse psychologique touche aussi bien les travailleurs en poste (43 %) que les télétravailleurs (44 % en hybride et 50 % à temps complet).
LES SOLUTIONS CONTRE LE MAL-ÊTRE AU TRAVAIL
Pourtant, des solutions existent pour améliorer les conditions de travail, et par-là même protéger la santé mentale des travailleurs, et tous les acteurs, pouvoirs publics, employeurs, organisations syndicales, associations… doivent y participer. La première étape passe par la prévention. L’OMS recommande aux employeurs de mettre en place des interventions de protection et de promotion de la santé mentale, en renforçant l’aptitude des dirigeants à déceler les problèmes liés au mental de leurs employés et à prendre des mesures en conséquence.
La seconde étape est d’aider ces travailleurs à se sentir mieux et à trouver du plaisir dans leur travail. L’accord international de la convention des Nations unies relative aux droits des personnes handicapées est destiné à promouvoir les droits des personnes souffrant de handicaps, physiques, psychiques, comme psychosociaux. Selon l’OMS, aider les personnes ayant des problèmes de santé mentale à trouver un emploi, à le garder et à y évoluer passe forcément par trois niveaux :
- adapter le cadre du travail au salarié (horaires souples, réduction du stress par des aménagements supplémentaires, accord de congés pour rendez-vous médicaux…) ;
- mettre en place des programmes de retour à l’emploi (reprise progressive, modalités de travail associées à des soins cliniques…) ;
- et des initiatives d’aide à l’emploi (permettre aux personnes atteintes de troubles mentaux graves de trouver un emploi rémunéré tout en bénéficiant d’un soutien psychologique et d’une aide professionnelle).
LA POSITION DE LA CFDT
La qualité de vie et les conditions de travail font partie des grands combats menés par la CFDT.
En défendant les droits des salariés à de meilleures conditions de travail, la CFDT propulse également l’idée de santé mentale et de bien-être au travail.
Jusqu’à peu, les RPS étaient encore un sujet tabou dans les entreprises. Il s’est transformé en prise de conscience, avec « la crise des suicides » entre 2008 et 2009, où 35 salariés de France Télécom se sont donné la mort. Le sujet s’est accentué, de 2013 à 2017, avec 10 suicides et 6 tentatives chez Renault, et la période Covid a marqué un point supplémentaire dans le match mal-être et travail. Le rôle de la CFDT en tant qu’organisation syndicale est de recentrer le débat sur la dimension collective du travail, en accompagnant les dirigeants, comme les salariés, en leur rappelant qu’il faut s’attaquer aux causes profondes du mal-être.
Nos élus sont là pour écouter, pointer ce qui ne fonctionne pas, pour chercher ensemble une solution. En portant le dialogue social, la CFDT défend les enjeux collectifs du travail, en protégeant la santé mentale des travailleurs et en faisant progresser la démocratie au sein de l’entreprise. Tout cela passe, bien évidemment, par la négociation et la signature d’accords QVCT, mais également, par les expertises, par la formation de nos élus aux risques psychosociaux, et plus récemment aux premiers secours en santé mentale.